Migrations & environnement

Rencontre EcoMig / Climig le 6 novembre 2024

De 14h à 16h, Montpellier site Saint Charles – Salle 006 Panathénée

et en visio sur le lien suivant : ICI

Pour cette dernière séance du cycle Migrations & environnement organisée en partenariat avec l’équipe Climig de l’ICM, nous avons le plaisir de recevoir Lio Ando-Bourguet, géographe à l’Université Paris-Cité et au laboratoire CESSMA, pour son intervention intitulée :

Terre de vie, frontière militarisée : le désert du Sonora, théâtre et acteur du “spectacle migratoire”

Résumé : Le désert du Sonora, traversé par la frontière Mexique/États-Unis au niveau des États du Sonora (Mexique) et d’Arizona (États-Unis), est la zone la plus meurtrière de cette frontière pour les migrants et migrantes qui tentent la traversée de façon irrégulière. La stratégie étasunienne de criminalisation et de contrôle des mobilités par une politique de “prévention par la dissuasion” a, depuis les années 1990, justifié un important dispositif sécuritaire qui a canalisé les traversées irrégulières hors des zones urbaines et vers des espaces plus dangereux, comme le désert. Celui-ci est donc devenu un important passage de traversées organisées par les réseaux de cartels mexicains, et fait l’objet d’une militarisation croissante, avec des déploiements de patrouilles frontalières équipées d’hélicoptères, de véhicules tout-terrain, et de technologies de surveillance satellitaires, infrarouges ou encore thermiques. Mais le désert du Sonora n’est pas seulement un lieu de passage ; il est aussi un espace de vie, en particulier d’un impressionnant nombre d’espèces animales et végétales, ainsi que de nations et de communautés autochtones (les Hia-Ced O’odham et Tohono O’odham) dont les territoires ancestraux ont été divisés par l’établissement de la frontière en 1853. Le désert du Sonora est en fait un territoire historique de mobilités, de rencontres et de mélanges de groupes variés, de solidarités mais également de luttes — dynamiques relationnelles et territoriales auxquelles les politiques migratoires viennent à la fois s’ajouter, et transformer. Basée sur des observations et analyses tirées de six mois passés dans la région du désert dans le cadre d’une thèse de géographie en cours, cette communication vise à présenter un aperçu holistique des effets de la militarisation de la frontière sud des Etats-Unis sur un territoire particulier et ses habitants et habitantes. Prendre au sérieux le désert à la fois comme acteur et théâtre des politiques migratoires, c’est comprendre comment celui-ci influence (voire parfois détermine) les processus, les relations, les expériences et les discours en tant que contexte matériel et objet symbolique. Une discussion des dynamiques spécifiques et localisées des politiques migratoires étasuniennes (ou, autrement dit, de ses place-based politics) permet de mieux saisir l’interaction entre luttes territoriales et luttes représentationnelles qui les composent.

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